UN IMPORTANT PRÉDATEUR DU SCARABÉE JAPONAIS EST ARRIVÉ

POPILLIA JAPONICA
SCARABÉE JAPONAIS PORTANT DES OEUFS
DE MOUCHE Istocheta aldrichi
Bonne nouvelle, un important prédateur du scarabée japonais est arrivé au Québec. Il s'agit d'une mouche (Istocheta aldrichi, autrefois appelée Hyperecteina aldrichi), qui faisait partie des insectes que les américains sont allés chercher au Japon, dans les années 20, pour combattre l'invasion du scarabée japonais apparu au New-Jersey quelques années auparavant.

Au Japon, le scarabée japonais n'est pas problématique car il s'y trouve des prédateurs pour en contrôler la population. Au nord du Japon, le principal agent de contrôle est cette mouche parasitoïde (parasite qui tue son hôte), Istocheta aldrichi. Elle y parasite près de 90% des scarabées femelles. Les observations sur sa spécificité envers le scarabée japonais montrent qu'elle peut également parasiter le petit hanneton du soya, d'origine japonaise, ainsi que le hanneton européen.

Possiblement Istocheta aldrichi sur Achillée millefeuille, le 22 juillet 2017
Au cours des années 20 et 30, plusieurs centaines de milliers de ces mouches furent introduites au New Jersey et dans les régions infestées avoisinantes. Hélas, dans ce nouvel habitat les mouches émergeaient avant les scarabées et disparaissaient peu après l'apparition des premiers scarabées. Les insectes n'étaient pas synchronisés comme ils le sont dans leur pays d'origine. On oublia plus ou moins cette mouche jusque vers la fin des années 70 où on s'aperçut qu'elle avait fait son chemin vers le nord. Dans les dernières décennies de plus en plus de gens du nord-est des États-Unis observent et photographient des scarabées japonais porteurs d'œufs blancs bien visibles. On reconnait maintenant le potentiel de Istocheta aldrichi dans le contrôle du scarabée japonais dans les états du nord des États-Unis. En 2014, Istocheta aldrichi est formellement identifiée au Canada (Ontario). Deux photos sont disponibles sur ce site:
TACHINIDAE Resources - Istocheta aldrichi

Surprise et jubilation, le 21 juillet 2017, dans mon propre jardin, j'observe la présence d'œufs sur le thorax de scarabées. Cette journée, le nombre de scarabées porteurs d'œufs est plus abondant (plus de 50%) près de l’étang où abonde aussi le scarabée. Certainement qu'ils étaient présents avant cette date, mais invisibles sans mes lunettes. Le taux de parasitation varie selon les endroits du terrain (en moyenne autour de 20%) et diminue avec l'avancée de la saison. Le 30 août 2017, des oeufs sont toujours présents. La synchronisation de la mouche et du scarabée semble parfaite au Québec.


Cycle de vie de la mouche Istocheta aldrichi

Istocheta aldrichi vit environ 1 mois, période au cours de laquelle elle pond une centaine d'œufs sur des jeunes scarabées en émergence. Ce sont principalement des femelles qui sont porteuses des œufs car la mouche profite de l'immobilisation de la femelle lors de l'accouplement, pour y pondre ses œufs, le plus souvent derrière la tête, au niveau du thorax. L'œuf prend autour de 24 heures à éclore. La larve pénètre alors dans le scarabée pour s'en nourrir de l'intérieur. Il n'y aura qu'une seule larve par scarabée. Les muscles du vol sont d'abord affectés, le scarabée ne peut bientôt plus voler. Il s'enfouit et meurt 5 à 6 jours après la ponte (sinon il vit 4 à 6 semaines). Les femelles scarabées meurent avant d'avoir pu pondre. Après 9 jours au stade larvaire Istocheta aldrichi s'entoure d'une enveloppe dure en forme de tonneau (pupe). Elle passera l'hiver à ce stade dans la carcasse du scarabée. La période de froid hivernal est essentielle au cycle de cette mouche nordique. L'été subséquent, la mouche adulte émerge et le cycle recommence. Il n'y a qu'une seule génération de mouches par année.


Besoins de Istocheta aldrichi

La mouche adulte doit également se nourrir. Principalement, elle butine aux fleurs et est un pollinisateur comme les autres membres de la famille des tachinidés. Ces mouches n'ont pas l'équipement des butineurs spécialisés, elles ont besoin de plantes au nectar facilement accessible. En général, parmi les plantes qu'elles affectionnent, il y a les achillées, les asters, les boltonies, les rudbeckies, les eupatoires, les calaminthas, l'origan, les alyssum, les cosmos et les ombellifères (carotte sauvage, livèche, angélique, etc.).

Jusqu'à la découverte des œufs, j'ai contrôlé le nombre des scarabées en les noyant dans l'eau savonneuse. Le savon brise le film de l'eau et permet au scarabées de se noyer en quelques minutes au lieu de nager pendant plusieurs jours. Maintenant, je trie* les porteurs d'œufs et les relâche dans la nature afin d'augmenter le nombre des mouches pour l'an prochain. En plus de réduire le nombre des scarabées, un nombre plus élevé de cette petite mouche (0,5 cm) pourrait me permettre d'identifier plus facilement les plantes qu'elle utilise. Cette connaissance favoriserait son établissement et son expansion, car comme l'ont observé des jardiniers américains, lorsque les conditions sont là, la mouche est présente. Chez-nous Istocheta aldrichi n'est pas disponible commercialement, et je ne suis pas certaine qu'elle le soit aux États-Unis. À nous de l'aider à s'implanter partout où le scarabée est présent. C'est donc à suivre.

*Je jette d'abord les scarabées à trier dans le couvercle d'un contenant. Ceux avec œufs sont relâchés et ceux sans œufs sont jetés dans l'eau savonneuse du contenant accroché à mon cou. Il faut le faire en fin de journée lorsqu'ils ne volent plus et se laissent tomber.

En citant la source, vous pouvez utiliser et diffuser l'information et les photos de cette page.
Merci de me laisser savoir si vous avez vu de ces oeufs dans votre région.


À l'été 2017:
- des gens ont confirmé la présence d'oeufs dans les Cantons de l'Est
- des gens ont confirmé la présence d'oeufs en Montérégie


Références internet:
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Sylvie
Les VIVACES de l'Isle

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